Incidentally Insights #1
Œuvre
Dans cette image tramée en acier Corten (4,5 sur 2,2 mètres), des souvenirs de paysage se fondent dans la beauté naturelle d’aujourd’hui. Certains éléments renvoient à une implantation préhistorique, d’autres à une rivière à laquelle l’Espierres doit son nom, d’autres encore à des découvertes de différentes périodes… De nombreuses images de souvenirs idéalisés ornent nos murs sous la forme de photos ou de peintures, mais la combinaison de souvenirs avec le présent est beaucoup plus évocatrice. Cette image hybride, transparente, est sans cesse en mouvement. Elle fluctue entre les saisons, entre le jour et la nuit, entre le temps et le souvenir. Notre conscience réorganise l’afflux d’impressions en d’autres images et conceptions mentales. Qu’est-ce qui sépare le visible de l’imaginable ? Les horizons, significations et perspectives se mêlent au souvenir de l’image. C’est peut-être à travers la photographie que l’image combinée est le mieux mise en valeur. Un appareil photo traitera la trame autrement que notre œil nu. De chaque position et à chaque moment, l’image est différente. Chaque spectateur a donc un point de vue unique, inspirant une interprétation purement individuelle à l’égard d’une représentation stratifiée. Le spectateur devient ainsi lui-même artiste.
Lieu
Location exacte GPS: 50°42'58.6"N 3°21'18.9"E
Espierres-Helchin est délimitée par l’Escaut et par le Canal de l’Espierres. Ces deux cours d’eau marquent la frontière naturelle avec la Wallonie. Le Canal de L’Espierres a été creusé en 1839 dans la vallée de la sinueuse Espierres noire, pour relier l’Escaut et la Deûle. Le canal fait 8,4 kilomètres de long, 16 mètres de large et maximum 1,8 mètre de profondeur. Il servait surtout au transport de charbon du Hainaut vers la France. Le déclin de l’industrie charbonnière a signé l’arrêt de mort du canal. Le dernier bateau y est passé en 1983. Les écluses ont été bloquées, rendant la navigation impossible. Entre 2008 et 2011, le Canal de l’Espierres a été restauré pour permettre à nouveau la navigation des touristes. Il constitue un décor idyllique mêlant présent et passé.
Artiste
Patrick Ceyssens maîtrise mieux que quiconque l’art de rendre perceptible l’effet hypodermique des images. Deux fils rouges s’entremêlent à travers son œuvre : d’une part, le thème du souvenir et de son envoûtement trompeur. D’autre part, la présence d’une perturbation ou rupture qui évite à son œuvre de se perdre dans la mélancolie et le romantisme. L’effet de l’image devient indissociable de celui de la mémoire. L’esprit devient notre seule toile. Patrick Ceyssens expose en Belgique et à l’étranger et enseigne les arts visuels et l’analyse d’images dans diverses hautes écoles et universités.